Pubblichiamo un altro articolo (del luglio 2012) tratto dal blog di Marie-Anne Chabin - che ringraziamo ancora per la sua collaborazione - in cui si sviluppa una breve quanto interessante riflessione sull'interoperabilità nel mondo degli archivi digitali.
« Parlons d’interopérabilité, terme englobant bien mal usité, souvent par facilité, par bien des gens pour masquer leur incapacité à traiter le fond des choses et leur manque d’ingéniosité » m’écrit l’un d’entre vous.
Qu’est-ce que l’interopérabilité ? Un mot, tout d’abord, composé de :
- un préfixe on ne peut plus contemporain : inter (voir Internet, international, interactif, intérimaire…),
- une racine ancestrale et agissante : opéra, latin opera de opus, l’ouvrage, le travail,
- le suffixe à la mode : -bilité (dont j’avoue avoir moi-même abusé dans ces pages), cette possibilité permanente, celle du slogan de la Matmut : « Tout est possible, tout est réalisable », une ouverture vers le futur et ses incertitudes, une façon peut-être de se démarquer du présent, trop net, trop sec, trop peu vendeur.
Un défi ensuite. Qu’est-ce qui doit être capable de travailler/fonctionner/opérer en relation avec quoi ? Les cas de figure sont nombreux : un sèche-cheveux avec la prise de courant de la salle de bain, un train avec les rails (voir l’intéressante histoire des écartements des voies), un fichier numérique avec un logiciel de lecture, un fichier numérique majeur (i.e. de plus de 18 ans…) avec un logiciel de lecture qui n’existe pas encore… L’interopérabilité est conditionnée par les caractéristiques techniques des outils (dimensions, puissance, codage, etc.) communs aux et aux autres.
Face à la multitude des fabricants, la seule façon de créer l’interopérabilité est la normalisation qui fixe a priori les caractéristiques techniques de l’accostage efficient entre les outils. Dès lors, de deux choses l’une : ou bien les outils sont conçus dès le départ pour fonctionner avec d’autres selon les normes établies, ou bien ce n’est pas le cas. Si ce n’est pas le cas, de deux choses l’une : ou bien on trouve un outil intermédiaire qui corrige l’inadaptation de l’outil initial (de même qu’une écluse permet de compenser une dénivellation de terrain sur le trajet d’un canal), ou bien on n’en trouve pas et on doit abandonner cet outil.
La question de l’interopérabilité semble maîtrisée dans le domaine de l’électricité et du transport ferroviaire mais la marge de progression est immense pour l’information numérique. Le référentiel général d’interopérabilité (RGI) rappelle pour la France les bons principes et les normes existantes mais la normalisation est loin d’être achevée au plan de la communauté utilisatrice c’est-à-dire au plan international.
Par ailleurs, l’interopérabilité dans le domaine de l’information numérique ne doit pas se limiter pas à la normalisation des éléments techniques qui supportent et véhiculent l’information (formats d’encodage, disques, interfaces de programmation, protocoles d’échange). Il est essentiel de progresser sur la maîtrise de la matière numérique elle-même : un fichier numérique doit passer d’un système A (qui l’a produit) à un système B (qui le stocke) puis à un système C (qui le réutilise) ; il faut donc que les outils sachent satisfaire à l’exigence de circulation des données ; mais qu’est-ce que ce fichier ? À qui appartient-il ? Qui implique-t-il ? Est-il le reflet d’une réalité ? Est-il autoportant ou dépendant d’autres fichiers ? À quoi peut-il servir ? Pendant combien de temps ?
La qualification des données est un préalable à l’évaluation de l’interopérabilité car l’interopérabilité n’est pas une fin en soi ; elle n’a de sens que si les données qui circulent sont pertinentes, si elles sont organisées en « paquets d’information » pour reprendre la terminologie de la norme de pérennisation OAIS (ISO 14721).
Parler de l’interopérabilité des systèmes d’information et des plates-formes de conservation numérique sans contrôler la pertinence (et l’évolution de la pertinence) des données gérées, cela peut s’apparenter à brancher un réfrigérateur sur une prise télé ou faire circuler une brouette sur une voie de chemin de fer…